Artère fluviale qui traverse l’Alsace du nord au sud, l’Ill semble déambuler à sa guise dans un paysage aux multiples visages. Celui qui a retenu mon attention pour ce travail photographique est un visage sans hommes, un visage qui nous projette dans un espace à la fois naturel et mystérieux : la forêt de la Robertsau qui commence à la lisière des quartiers les plus au nord de Strasbourg. Cette vaste forêt accompagne le lit du Rhin jusqu’à Gambsheim et abrite celui de l’Ill, une demeure vivante et accueillante, un poumon de nature brute (classée depuis juin 2020 « réserve naturelle nationale »), lieu familier pour moi qui l’arpente depuis si longtemps ! J’ai choisi un outil lent et précis pour restituer ce qui m’appelle ici, une chambre qui produit des négatifs 20×25 cm, que l’on fixe sur un lourd trépied et que l’on règle patiemment. Presque un moment de méditation, un hommage aux siècles qui ont façonné ces troncs, ces mousses et ces bras d’eau vagabonde.

Édition du livre « Dérives de l’Ill » en décembre 2021 avec le collectif Chambre à Part